L’ingénieur de conception en génie électrique option électromécanique Lamine Thiaw et son équipe de recherche veulent mettre fin à l’importation des appareils de la chaîne de convertisseurs de l’énergie photovoltaïque. Il a révélé que des prototypes d’onduleurs et de régulateurs sont sur le point d’être finalisés au laboratoire de génie électrique. En attendant cette grande révolution qui va baliser la voie à l’utilisation à grande échelle des énergies renouvelables, il a conçu une application offrant un mode d’apprentissage ludique de la langue Pulaar à l’aide des téléphones, smartphones et tablettes. L’application est modulable pour intégrer les autres langues nationales.
Les couloirs du département de Génie électrique de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar sont particulièrement calmes ce samedi 20 novembre 2015 à 11 heures. Ici, la richesse de la production est sur les posters parant les quatre murs. Des ordinateurs, tableaux, transformateurs et des panneaux photovoltaïques encombrent le labo. D’autres équipements sont posés à même le sol. Le chef du département de Génie électrique Lamine Thiaw fait partie de l’équipe de chercheurs engagés à bâtir l’autonomie de l’Afrique dans ce secteur clé. Les énergies renouvelables font l’objet d’une grande attention aussi bien de la part des scientifiques que du côté des gouvernants. Ce Sénégalais, né le 29 avril 1967 à Fanaye, est à la pointe de la conception des appareils qui sont sur la chaîne de convertisseurs de l’énergie photovoltaïque. Dans leur laboratoire, la promotion des énergies renouvelables passe par la réduction des coûts d’exploitation. La diminution des charges d’exploitation ne sera pas possible tant que les pays africains continueront d’importer des appareils. A l’Université de Dakar, la voie est tracée pour briser la chaîne de dépendance vis-à-vis des pays asiatiques et européens. Une lueur d’espoir éclaire déjà le champ dans la recherche au Laboratoire des énergies renouvelables. La fabrication des convertisseurs statiques pour les systèmes photovoltaïques est l’un des domaines d’intervention de ce Sénégalais qui a fait des cours préparatoires à l’Ecole d’aviation civile de Kiev. «Nous importons tous les appareils de la chaîne de conversion de l’énergie photovoltaïque. Nous avons initié un projet de recherche qui consiste à concevoir les différents éléments de la chaîne de conversion », rapporte Lamine Thiaw qui a obtenu son diplôme d’ingénieur de conception en Génie électrique option électromécanique en 1994 à l’Institut Polytechnique de Kiev en Ukraine. Dans les années à venir, des onduleurs, des régulateurs de batterie seront conçus au Sénégal.
Allonger la durée de vie des batteries Les recherches, rassure Lamine Thiaw, sont très avancées. « La fabrication des panneaux est très complexe. Par contre, nous travaillons à fabriquer des onduleurs et des régulateurs au Sénégal. Nous avons des prototypes qui sont sur le point d’être finalisés », révèle le chercheur. L’importation des appareils de base de la chaîne de conversion est perçue comme un obstacle majeur au développement des énergies renouvelables en Afrique. Par conséquent, la fabrication locale de ces équipements est susceptible de catalyser l’essor des énergies propres en Afrique. L’universitaire a aussi contribué à allonger la durée de vie des batteries. C’est un maillon essentiel du système. « Le stockage de l’énergie photovoltaïque est un problème réel qui augmente le coût du système. Nous travaillons sur les éléments qui permettent de prolonger la durée de vie de la batterie et de son fonctionnement », renseigne le chercheur qui a soutenu une thèse sur : « Contribution à la mise en œuvre d’outils et de méthodologies rationnelles pour le dimensionnement de systèmes d’électrification de sites isolés » sanctionnée par la Mention Très honorable avec les félicitations du jury. Le stockage d’énergie n’est plus une équation pour ce chercheur. Il partage des solutions toutes simples. Lamine Thiaw s’emploie à suivre l’évolution des technologies dans le domaine des énergies renouvelables. Son champ de compétence s’est élargi depuis janvier 2008. C’est cette année qu’il a présenté une deuxième thèse sur « Identification de systèmes non linéaires par multi modèles et réseaux de neurones ». La quête du savoir le mobilise. Il ménage un temps pour offrir des sorties à ses enfants. La passion pour la recherche est le remède contre le découragement qui peut être généré par les sous-équipements des laboratoires au département de Génie électrique. « Beaucoup d’appareils sont obtenus grâce aux partenaires et aussi des projets financés par la Commission de l’Uemoa », constate l’ingénieur. Ses recherches ne sont pas uniquement tournées vers la production d’énergie. L’ingénieur a aussi mis au point une application permettant de mettre en marche ou d’éteindre des appareils électroniques à distance. Le scientifique fait des incursions dans la littérature. Son approche est purement technique.
L’apprentissage ludique des langues nationales Il partage l’avis des chercheurs comme Cheikh Anta Diop qui accordent une place centrale à la promotion des langues nationales dans l’acquisition et la transmission du savoir. « Pour relever le défi de la maîtrise des technologies, de l’acquisition et de la transmission du savoir à une grande échelle avec l’efficacité requise, le développement et la promotion des langues nationales doivent demeurer une priorité pour la communauté universitaire », estime le chef du département Génie électrique de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar. Lamine Thiaw a conçu un logiciel gratuit téléchargeable sur Google-Play avec les smartphones et les tablettes. C’est un mode d’auto-apprentissage ludique. Le Pulaar est, pour l’instant, la seule langue incorporée dans l’application. Le mode d’utilisation est ludique à la limite. L’interface « guide de prononciation » enseigne la prononciation des mots en Pulaar et renvoie la signification en français au bas d’une liste déroulante avec rubriques « rencontres » avec des formules de présentation, alors que celle dénommée « commerce » condense les expressions d’usage pour le marchandage. Une partie de l’interface graphique donne la possibilité à l’usager de s’exercer à la dictée en Pulaar. Cette technologie intègre également les caractères spéciaux ne figurant pas sur le clavier.